Le marché immobilier français connaît une évolution surprenante, avec des prix en baisse et des taux de crédit encore bas. Mais cette situation va-t-elle perdurer face aux hausses constatées dans les autres pays européens ? Analyse des données SeLoger et Meilleurs Agents pour décrypter les tendances à venir.
Chapô : Alors que le marché immobilier français s’oriente vers une baisse des prix et des taux de crédit encore bas, la situation risque-t-elle de changer face aux hausses constatées dans les autres pays européens ? Une étude SeLoger/Meilleurs Agents nous apporte des éléments de réponse.
La France, seul pays où les prix baissent début 2023
Contrairement à ses voisins européens, la France connaît une baisse des prix immobiliers au premier trimestre 2023, avec une diminution moyenne de 0,5%. Cela contraste avec la hausse de 1,9% observée sur la même période en 2022. Même les pays ayant enregistré des baisses de prix en 2022, comme l’Allemagne et le Luxembourg, renouent avec une tendance à la hausse.
Les taux de crédit les plus élevés en Allemagne
La Banque centrale européenne (BCE) a mis en place une politique de restriction budgétaire pour limiter l’inflation. En conséquence, les taux d’intérêt ont augmenté dans les pays européens depuis début 2022, et cette tendance s’est poursuivie au premier trimestre 2023. L’Allemagne, l’Italie et le Portugal sont les pays les plus touchés par cette hausse, avec des taux d’intérêt moyens compris entre 3,6% et 3,8% en février 2023.
La France, épargnée grâce aux taux d’usure
La France fait figure d’exception, avec des taux de crédit qui demeurent bas, en hausse de seulement 1,4 point de pourcentage en moyenne depuis janvier 2022. La raison ? Les taux d’usure, qui protègent les emprunteurs contre des hausses de taux de crédit excessives et rapides. Néanmoins, depuis janvier 2023, la révision de ce taux se fait mensuellement, ce qui pourrait amener les taux d’intérêt en France à rattraper leur retard et suivre une croissance similaire à celle des autres pays européens.
Pas de retour à des taux inférieurs à 2 %…
La BCE, face au risque d’une crise financière, joue la carte de la prudence. Pour la première fois en un an, elle n’a pas anticipé une hausse des taux dans sa dernière communication. Toutefois, « retrouver des taux d’intérêt sous la barre des 2 % est a priori peu probable pour l’année à venir», estime Barbara Castillo Rico du groupe Aviv. Les taux devraient donc rester élevés pendant un certain temps, bien au-dessus des niveaux pratiqués ces dernières années, en raison de l’inflation et des effets des politiques restrictives de la BCE qui ne se sont pas encore pleinement matérialisés.
L’avenir du marché immobilier français en suspens
Le marché immobilier français semble pour l’instant résister à la pression européenne, avec des taux de crédit bas et une baisse des prix. Cependant, les évolutions réglementaires et les tendances observées dans les autres pays européens pourraient modifier cette situation. Les prochains mois seront donc déterminants pour anticiper les évolutions à venir et adapter les stratégies d’investissement dans le secteur immobilier.