Selon le rapport publié en février 2023 par Virgil, une entreprise qui propose de co-investir avec les primo-accédants, le passage de la location à la propriété immobilier dans l’Ile-de-France implique un grand sacrifice en termes de mètres carrés. En effet, la moyenne se monte à 11 mètres carrés dans Paris intra-muros et à 10 mètres carrés dans les communes périphériques. Ce constat s’appuie sur un profil type de célibataire ayant un salaire annuel brut de 40 000€.
Les conséquences de la gentrification
Le terme “gentrification” vient du latin gens, gentis et désigne un “gentil embourgeoisement des quartiers populaires”, ce qui n’est pas forcément bénéfique. Dans le cadre du processus de métropolisation, qui tient de la libéralisation de l’économie et de la dérégulation du foncier, certaines villes voient arriver de nouvelles populations. La récente ouverture du Campus universitaire Condorcet à Aubervilliers est l’exemple d’un phénomène qui se généralise en Ile-de-France. Malheureusement, ce «gentil embourgeoisement» n’est pas sans conséquence. En effet, les populations fragiles sont repoussées de plus en plus loin des centres, des équipements, des bassins d’emplois accentuant ainsi les inégalités, la ségrégation sociale et le sentiment de déclassement.
Inégalités accrues entre les populations
Alors que le prix de l’immobilier a triplé en vingt ans, le revenu disponible des ménages franciliens n’a quant à lui progressé que de 40 %. Les ménages modestes subissent alors des charges supplémentaires liées aux loyers et remboursements d’emprunt immobilier qui engloutissent rapidement leurs revenus, creusant toujours plus le fossé entre les populations aisées et classes populaires. Une situation qui ne devrait s’améliorer si on se fie à la maxime de Zola : “Etre pauvre à Paris, c’est être pauvre deux fois.”
Une solution collective ?
Pour pallier à cette situation, il faudrait mettre en place des solutions innovantes et collectives. Parmi celles-ci, on peut notamment penser aux logements à loyer abordable construits sur des fonds publics, aux aides financières spécifiques accordées aux personnes qui ont du mal à boucler leur budget (allocation logement, etc.), ou encore au développement de coopératives immobilières, ou des systèmes qui permettent au moins partiellement de contrer le monopole des investisseurs privés et d’accéder à des logements abordables.
- Logements à loyer abordable construits sur des fonds publics.
- Aides financières spécifiques (allocation logement, etc.)
- Développement des coopératives immobilières pour contrer le monopole des investisseurs privés.
Cependant, cela n’est pas suffisant pour empêcher les populations fragiles d’être repoussées hors de l’île, vers des territoires moins chers, où logements et services sont moins accessibles. Pour créer un impact durable, une approche plus globale s’impose. Il convient donc de proposer des mesures complémentaires telles qu’une meilleure planification urbaine et des efforts pour modifier le modèle actuel de production et de consommation :
- Amélioration de la planification urbaine
- Modifications du modèle actuel de production et de consommation.
En somme, le passage du statut de locataire à celui de propriétaire en Ile-de-France s’accompagne tristement d’une perte de mètres carrés significative. Un phénomène amplifié par le processus de gentrification qui a pour conséquence d’accroître les inégalités entre les populations. Des solutions doivent donc être trouvées pour limiter cette injustice et donner à tous les moyens d’accéder à un logement convenable et abordable.