L’univers des cryptomonnaies, en constante évolution, s’accompagne d’une fiscalité qui se précise. Pour les investisseurs, l’année 2025 marque une étape cruciale. Les règles se consolident et les contrôles se renforcent. Le récent crash de novembre, qui a vu le Bitcoin chuter à 81 000 $, rend la compréhension de la fiscalité encore plus urgente. Comment gérer ses moins-values ? Comment déclarer ses revenus passifs ? Comprendre ces mécanismes est essentiel pour naviguer sereinement. Ce guide démystifie la fiscalité des cryptomonnaies en France pour 2025. Il vous apporte les clés pour une déclaration juste et optimisée.
En France, la loi de finances 2019 a structuré la fiscalité crypto. La loi de 2022 (applicable depuis 2023) l’a complétée. Le principe global est simple : le fisc impose les plus-values réalisées lors de la cession d’actifs numériques.
Une « cession » est l’événement qui déclenche l’impôt. Le fisc reconnaît deux types de cessions :
Il faut bien reconnaître qu’un point crucial est souvent mal compris. Les échanges de cryptomonnaie contre une autre cryptomonnaie (par exemple, Bitcoin contre Ethereum) ne sont pas des cessions imposables. Ces opérations « crypto-to-crypto » sont fiscalement neutres. Elles bénéficient d’un sursis d’imposition.
Pour les particuliers, le régime par défaut est le Prélèvement Forfaitaire Unique (PFU). On l’appelle souvent la « Flat Tax ». Son taux global est de 30 %. Ce taux se décompose en 12,8 % au titre de l’impôt sur le revenu et 17,2 % de prélèvements sociaux.
Il est toutefois possible d’opter pour le barème progressif de l’impôt sur le revenu. Cette option est intéressante si votre Taux Marginal d’Imposition (TMI) est inférieur à 12,8 % (c’est-à-dire si vous êtes dans la tranche à 0% ou 11%).
Une exonération s’applique si le total de vos cessions (ventes en euros, achats de biens/services) dans l’année est inférieur à 305 euros. Au-delà de ce seuil, le fisc impose toutes les plus-values.
L’année 2025 apporte des précisions et des renforcements majeurs. L’impulsion vient des directives européennes. La principale évolution concerne le renforcement des contrôles et la fin de l’anonymat.
La directive européenne DAC8 va révolutionner la collecte d’informations. La France a transposé cette directive dans sa loi de finances pour 2025.
À partir du 1er janvier 2026, les Prestataires de Services sur Crypto-Actifs (PSCA) devront transmettre des informations détaillées aux administrations fiscales. Ils devront rapporter les transactions de tous leurs utilisateurs résidant dans l’UE. Cela inclut :
Dès 2027, le fisc français aura une vue d’ensemble de vos avoirs sur les plateformes centralisées (Binance, Kraken, Coinbase…). La non-déclaration deviendra donc extrêmement risquée. L’ère du « le fisc ne peut pas savoir » est terminée.
Pour les professionnels (traders réguliers, mineurs), le régime fiscal a aussi évolué. Depuis 2023, le fisc impose leurs plus-values au titre des Bénéfices Non Commerciaux (BNC).
La déclaration (que vous ferez au printemps 2026 sur vos revenus 2025) implique deux obligations principales. Vous devez déclarer vos comptes détenus à l’étranger. Vous devez aussi déclarer vos opérations imposables.
Si vous détenez des cryptomonnaies sur des plateformes situées hors de France (Binance, Kraken, Bybit, etc.), vous avez l’obligation de déclarer ces comptes.
Cette démarche s’effectue via le formulaire annexe Cerfa 3916-bis. Vous devez déclarer chaque compte. Vous devez le faire même s’il est vide en fin d’année ou s’il n’a pas généré de plus-value. C’est une obligation déclarative simple.
Il faut noter que les portefeuilles dont vous détenez la clé privée (vos « hardware wallets » Ledger, Trezor, ou vos « software wallets » Metamask) ne sont pas concernés par cette obligation. Vous ne déclarez que les comptes détenus chez un tiers (une plateforme).
Toutes vos opérations imposables (ventes en Euros, achats de biens/services) doivent être déclarées. Pour cela, vous utiliserez le formulaire annexe Cerfa 2086.
C’est là que réside la complexité. Le calcul de la plus-value n’est pas une simple soustraction (Prix de vente – Prix d’achat). La formule légale est la suivante :
Plus-value = Prix de cession – (Prix total d’acquisition du portefeuille x [Prix de cession / Valeur globale du portefeuille]).
Cela signifie que vous devez connaître la valeur totale de l’ensemble de votre portefeuille (toutes cryptos confondues) en euros au moment précis de chaque cession.
Le crash de novembre 2025 a généré d’importantes moins-values pour de nombreux investisseurs. La règle fiscale est stricte : les moins-values sont déductibles uniquement des plus-values réalisées la même année.
Par exemple, si vous avez fait 5 000 € de plus-value en mars 2025 et 3 000 € de moins-value en novembre 2025, votre plus-value imposable nette sera de 2 000 €.
Attention : Vous ne pouvez pas reporter une moins-value nette sur les années suivantes. Si votre année 2025 est globalement en perte (par exemple -10 000 €), cette perte est fiscalement perdue. Elle ne réduira pas vos impôts de 2026.
Au-delà des cessions, d’autres activités génèrent des revenus. La déclaration de revenus passifs crypto est un aspect crucial. Ces revenus ne suivent pas la « Flat Tax ». Ils relèvent du régime des Bénéfices Non Commerciaux (BNC).
Les gains issus du minage de cryptomonnaies sont des BNC. Vous devez déclarer ces revenus dès leur perception sur votre portefeuille. Vous devez les valoriser en euros au jour de leur réception.
Le staking consiste à immobiliser des cryptos pour recevoir des récompenses (par exemple, sur Ethereum). Ces récompenses sont des revenus passifs. Ils relèvent également des BNC. Vous devez déclarer la valeur en euros de ces récompenses au moment où vous les recevez.
Point technique : Ces cryptos (minées ou stakées) entrent alors dans votre portefeuille. Leur prix d’acquisition pour le calcul futur de la plus-value (lors de la cession) sera la valeur en euros que vous avez déclarée en BNC.
La fiscalité des NFTs (Non-Fungible Tokens) est encore en discussion. Mais l’interprétation majoritaire les assimile à des actifs numériques. Par conséquent, les plus-values réalisées lors de la cession de NFTs sont soumises au même régime que les cryptos : le PFU de 30 %.
Optimiser sa fiscalité ne signifie pas frauder. Cela signifie utiliser les dispositifs légaux pour réduire sa charge fiscale.
D’ailleurs, la non-déclaration vous expose à des sanctions sévères. Le fisc renforce ses contrôles. L’arrivée de DAC8 rend la dissimulation quasi impossible.
Tout bien considéré, l’administration fiscale peut désormais vous demander des justifications sur l’origine de vos avoirs. Si les justifications sont insuffisantes, le fisc peut considérer les actifs comme reçus à titre gratuit. Il appliquera alors les droits de mutation au taux de 60 %.
En définitive, la transparence accrue via DAC8 signifie que l’anonymat des transactions crypto est révolu. Se conformer aux obligations déclaratives est impératif pour éviter ces lourdes conséquences.
Avis de non-responsabilité : Cet article est un guide à but informatif et éducatif sur la fiscalité française en vigueur en novembre 2025. Il ne constitue en aucun cas un conseil fiscal, juridique ou en investissement. La fiscalité est complexe et dépend de votre situation personnelle. Consultez toujours un professionnel qualifié (avocat fiscaliste, expert-comptable) pour obtenir des conseils adaptés à votre situation.