La Chine redéfinit les règles de la monnaie numérique et des banques. Dès le 1er janvier 2026, tout va changer. La Banque Populaire de Chine (BPC) lance une réforme historique. Les banques commerciales pourront désormais verser des intérêts sur le yuan numérique (e-CNY). Ce n’est plus seulement de l’argent liquide virtuel. Cela devient un produit d’épargne rémunéré. Pékin sort l’artillerie lourde pour imposer sa monnaie d’État.
Révolution bancaire : Le « cash numérique » devient épargne
L’annonce a été faite ce lundi. Lu Lei, gouverneur adjoint de la banque centrale, a détaillé le plan. Le statut juridique du e-CNY évolue radicalement.
De la poche au compte en banque
Jusqu’à présent, le yuan numérique fonctionnait comme du « cash » (M0). Il ne rapportait rien. Dès mercredi prochain, il devient une « monnaie de dépôt numérique ». Cette nuance change tout pour l’usager. Votre portefeuille numérique fonctionnera comme un compte en banque classique. Si vous détenez des e-CNY, la banque vous rémunère. Le taux s’alignera sur les standards des dépôts actuels.
La sécurité garantie par l’État
Ce changement de statut apporte une autre garantie majeure. Les soldes en yuan numérique bénéficieront de l’assurance-dépôt. En cas de faillite d’une banque, l’État couvre vos avoirs. Lu Lei insiste sur ce point. Le e-CNY offre désormais la même sécurité qu’un livret d’épargne traditionnel. La banque centrale veut rassurer les épargnants frileux.
Stratégie d’adoption : Payer pour battre WeChat et Alipay
Pourquoi ce revirement soudain ? La réponse tient en deux noms : WeChat Pay et Alipay. Ces géants privés dominent outrageusement le paiement mobile.
L’incitation financière comme arme
Le projet e-CNY a dix ans. C’est la CBDC (Monnaie Numérique de Banque Centrale) la plus avancée au monde. Pourtant, l’adoption reste poussive. Les Chinois préfèrent leurs applications habituelles. Pékin change donc de tactique. L’ergonomie ne suffit pas. Il faut toucher au portefeuille. En offrant des intérêts, la banque centrale crée un avantage concurrentiel direct. WeChat et Alipay ne sont pas des banques. Ils ne rémunèrent pas l’argent qui dort sur les wallets.
Un volume de transactions colossal
Les chiffres restent impressionnants malgré tout. Fin novembre 2025, le e-CNY a traité 3,48 milliards de transactions. Le volume cumulé atteint 16,7 trillions de yuans (2,38 trillions de dollars). C’est énorme, mais insuffisant pour Pékin. L’objectif est de remplacer le cash, pas de coexister avec lui. La rémunération par la banque est le levier final pour l’adoption de masse.
Flexibilité pour les banques commerciales
Cette réforme ne profite pas qu’aux utilisateurs. Elle libère aussi les banques commerciales.
Gestion actif-passif optimisée
La nouvelle politique offre de la souplesse. Les banques pourront gérer les soldes en e-CNY dans leur bilan global. Elles intègrent ces fonds dans leurs opérations actif-passif. Cela donne de la liquidité supplémentaire aux établissements financiers. La banque transforme une contrainte technique en ressource financière exploitable.
Règles strictes pour les non-banques
Le régulateur garde toutefois le contrôle. Pour les institutions de paiement non bancaires, la règle est stricte. Les fonds de réserve en yuan numérique doivent être couverts à 100 %. Aucune création monétaire n’est permise hors du circuit bancaire officiel. La banque centrale verrouille la sécurité du système.
Expansion Globale : Le Yuan numérique à l’assaut du monde
La vision de Pékin dépasse les frontières. Le yuan numérique est un outil géopolitique. L’annonce de lundi s’inscrit dans une poussée internationale.
Des pilotes transfrontaliers
La semaine dernière, la BPC a promis d’accélérer. Elle vise l’utilisation transfrontalière du e-CNY. Des projets pilotes sont en cours avec Singapour. D’autres discussions avancent avec la Thaïlande, Hong Kong et les Émirats Arabes Unis. L’Arabie Saoudite est aussi dans la boucle. La Chine veut utiliser sa monnaie numérique pour le commerce international.
Le Hub de Shanghai
En septembre, un centre opérationnel a ouvert à Shanghai. Sa mission est d’étendre l’influence mondiale du yuan. La technologie blockchain est au cœur de cette stratégie. Mais attention à la confusion. La Chine adore la blockchain d’État, mais déteste les cryptomonnaies.
Contexte Crypto : Blockchain Oui, Bitcoin Non
Il ne faut pas s’y tromper. Cette avancée technologique ne libéralise pas le marché crypto. La position de la Chine reste inflexible.
Le maintien de l’interdiction
Le trading de cryptomonnaies reste interdit. Le minage est banni sur le continent. Le yuan numérique est l’antithèse du Bitcoin. C’est une monnaie centralisée, traçable et contrôlée par l’État. En rémunérant le e-CNY, la banque centrale renforce son monopole. Elle assèche un peu plus l’intérêt pour les alternatives décentralisées illégales.
Conclusion : Un nouveau modèle monétaire
Le 1er janvier 2026 marquera une rupture. La Chine devient le premier grand pays à rémunérer une monnaie numérique publique.
Les banques jouent désormais un rôle pivot. Elles ne sont plus de simples distributeurs de cash numérique. Elles deviennent les gardiennes de l’épargne 2.0. Si cette stratégie fonctionne, elle pourrait inspirer l’Europe et les États-Unis. Le monde bancaire observe cette expérience avec une attention extrême.
FAQ Banque Chine
Oui, à partir du 1er janvier 2026, la Banque Populaire de Chine autorise les banques commerciales à verser des intérêts sur les détentions de yuan numérique (e-CNY).
La Chine transforme le e-CNY de « cash numérique » en « monnaie de dépôt » pour inciter l’adoption massive et concurrencer les géants privés WeChat Pay et Alipay qui dominent le marché.
Oui, selon la nouvelle réglementation, les soldes en yuan numérique bénéficieront de la même protection que les dépôts bancaires traditionnels via le système d’assurance-dépôt chinois.