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Bitcoin : le minage chinois atteint 14% du hashrate mondial malgré l’interdiction

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Une photo conceptuelle d'une carte de la Chine montrant les provinces du Xinjiang et du Sichuan illuminées, symbolisant la résurgence du minage de Bitcoin (hashrate) en 2025.

La Chine opère un retour spectaculaire et clandestin dans l’arène du minage de Bitcoin (BTC). Le pays représente désormais 14% du « hashrate » mondial (la puissance de calcul totale du réseau) à la fin octobre 2025. Cette résurgence, qui place la Chine au troisième rang mondial, intervient quatre ans après l’interdiction totale et brutale imposée par Pékin en 2021. Alors que le marché public subit le contrecoup du « Black Friday crypto » de novembre, une économie souterraine de plusieurs milliards de dollars prospère, défiant la ligne officielle du Parti.

Les États-Unis, qui avaient absorbé la grande migration des mineurs chinois en 2021, conservent la première place avec 37,8% du hashrate global. Mais le retour de la Chine redessine la carte géopolitique du Bitcoin.

Une renaissance souterraine confirmée par les chiffres

Cette reprise ne relève pas de simples estimations. Les données de Hashrate Index attestent cette tendance remarquable. La Chine grimpe à la troisième position mondiale, derrière les États-Unis et le Kazakhstan (bien que ce dernier soit en déclin). La firme d’analyse CryptoQuant va plus loin. Elle estime que 15 à 20% de la capacité minière mondiale opère actuellement en territoire chinois.

Il faut bien reconnaître que le signal le plus puissant ne provient pas des analystes, mais des industriels. Les ventes de Canaan, le deuxième fabricant mondial de machines de minage (ASICs), confirment cette activité.

L’entreprise a réalisé un chiffre d’affaires de 150,5 millions de dollars au troisième trimestre 2025. Or, l’analyse de ses revenus par géographie est révélatrice :

  • En 2022 (après l’interdiction), la Chine ne représentait que 2,8% de ses revenus.
  • En 2024, ce chiffre a bondi à 30,3%.
  • Une source directe révèle même que la contribution chinoise aux ventes de Canaan a dépassé 50% au deuxième trimestre 2025.

On ne parle pas ici de quelques mineurs amateurs dans des garages. Ces chiffres démontrent une ré-industrialisation massive. Des fermes de minage achètent du matériel neuf à grande échelle. Elles le font dans un pays qui, officiellement, interdit leur activité.

Le Xinjiang et le Sichuan, eldorados de l’énergie « perdue »

Comment cette activité est-elle possible ? Le minage ne se cache pas à Shanghai ou à Pékin. Il se concentre principalement dans les provinces reculées, riches en énergie et pauvres en surveillance.

Le Xinjiang devient l’épicentre de cette renaissance. Des mineurs privés y ont repris leurs activités discrètement dès la fin 2024. Des sources locales confirment que de nouvelles installations sont actuellement en construction dans la région.

Wang, un mineur opérant au Xinjiang, explique la logique économique implacable. « Une quantité importante d’énergie ne peut pas être exportée hors du Xinjiang », déclare-t-il. Le réseau électrique local n’est pas suffisamment connecté au reste du pays. Cette surcapacité énergétique, souvent issue d’investissements excessifs dans les centres de données ou les barrages, crée une « énergie échouée » (stranded energy). Les producteurs d’électricité sont ravis de vendre cette énergie excédentaire, même « sous le manteau », à des mineurs de Bitcoin.

Le Sichuan, historiquement un bastion du minage grâce à ses barrages hydroélectriques, attire également les anciens acteurs. Duke Huang, un ancien mineur de la province, confirme le retour de ses pairs. « Ceux qui obtiennent de l’électricité à bas prix minent toujours », confie-t-il.

Le paradoxe de Pékin : interdiction officielle, tolérance locale

Cette reprise s’opère dans un vide juridique fascinant. Pékin n’a pas officiellement levé l’interdiction de 2021. La puissante Commission nationale du développement et de la réforme (NDRC) maintient sa position.

Pourtant, l’activité prospère. Patrick Gruhn, directeur général de Perpetuals.com, analyse ce paradoxe. « La flexibilité politique chinoise émerge lorsque les incitations économiques sont fortes dans des régions spécifiques », explique-t-il. Il considère cette résurgence comme « l’un des signaux les plus importants observés par le marché depuis des années ».

Cette situation révèle un conflit classique en Chine : la volonté du gouvernement central (Pékin) s’oppose à la réalité économique des gouvernements locaux. Liu Honglin, un avocat spécialisé, estime qu’un assouplissement est inévitable. « Il est difficile d’éliminer une activité rentable », affirme-t-il. Les autorités locales, souvent en difficulté financière, semblent tolérer cette activité lucrative qui ne nécessite aucune infrastructure (routes, ports) et paie comptant son électricité.

Le contexte mondial : les États-Unis dominent, le Kazakhstan s’effondre

Le retour de la Chine est d’autant plus significatif qu’il intervient alors que d’autres nations minières vacillent.

Les États-Unis restent le leader incontesté avec 37,8% du hashrate. L’État du Texas, en particulier, a massivement accueilli les mineurs chinois fuyant l’interdiction de 2021.

Le Kazakhstan paie le prix de sa croissance trop rapide. Il occupe la deuxième place, mais sa part de marché recule. Elle est tombée à 2,1% au quatrième trimestre 2025. Le pays a subi des pannes d’électricité massives, provoquant une instabilité politique et un retour de bâton réglementaire contre les mineurs. Le Canada maintient sa position de manière stable avec 6,5% du hashrate mondial.

Pendant ce temps, la difficulté de minage du Bitcoin s’établit à 152,27 trillions en novembre 2025. Elle a diminué de 2,37% le 12 novembre. C’est un signe que, malgré le retour des Chinois, le réseau subit la pression du « bear market » et du prix du BTC (environ 88 830 $ le 24 novembre).

Des signes d’ouverture plus larges ? Hong Kong et le Yuan stable

D’ailleurs, cette tolérance souterraine au minage n’est peut-être pas un événement isolé. Elle coïncide avec d’autres signes d’assouplissement de la Chine sur les actifs numériques.

Hong Kong agit comme le laboratoire « offshore » de Pékin. La ville a lancé son cadre réglementaire officiel pour les stablecoins le 1er août 2025. Ce nouveau régime de licence s’applique aux émetteurs de stablecoins adossés aux monnaies fiduciaires.

Plus important encore, Pékin envisagerait d’autoriser les stablecoins adossés au Yuan (CNH). L’objectif n’est pas de favoriser la crypto, mais de promouvoir l’internationalisation de la devise chinoise. Le Conseil d’État doit examiner une feuille de route ce mois-ci.

Ces développements contrastent fortement avec l’interdiction totale de 2021. Canaan (le fabricant de machines) attribue lui-même la hausse de ses ventes chinoises à « une légère évolution de la position de la Chine sur les actifs numériques ».

Conclusion : Résilience et « Realpolitik »

Tout bien considéré, le retour de la Chine dans le minage de Bitcoin illustre la « Realpolitik » économique. L’interdiction officielle de Pékin reste en vigueur. Mais les incitations économiques locales et l’abondance d’énergie bon marché (et invendable) au Xinjiang et au Sichuan favorisent une renaissance discrète mais massive.

En définitive, cette évolution prouve la résilience antifragile de l’industrie du minage. Même dans un contexte de marché baissier (avec un « hashprice » spot à 51 dollars par pétahash/seconde), l’activité reste rentable pour ceux qui ont accès à l’énergie la moins chère. Le retour de la Chine est un signal haussier structurel. Il montre qu’il est presque impossible d’éliminer une activité aussi rentable et décentralisée.

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Ecrit par
Sophie Telmann

Je m'appelle Sophie et je suis rédactrice sur Actu Crypto .info, un site qui couvre l'actualité des crypto-monnaies et du métavers. Je suis passionnée par le monde des crypto-monnaies et du métavers et je me tiens au courant des derniers développements et nouvelles technologies. J'aime particulièrement la façon dont ces technologies sont utilisées pour fournir une plus grande liberté et autonomie aux individus et aux entreprises. J'espère contribuer à faire progresser ces technologies et à les rendre accessibles à tous.

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