Le Fonds monétaire international (FMI) hausse le ton et cible directement la montée fulgurante des stablecoins. L’institution voit un risque avec ces jetons indexés sur le dollar gagnent du terrain partout. Surtout dans les économies fragiles. Leur progression rapide menace la souveraineté monétaire de nombreux États, selon plusieurs analyses récentes. L’Europe regarde cette vague arriver et avance, mais trop lentement. Le FMI demande une réaction plus ferme, plus rapide, plus structurée.
Les stablecoins s’imposent comme une monnaie parallèle
Le FMI observe une adoption massive dans les pays émergents. Les utilisateurs cherchent une valeur stable, accessible, simple. Les stablecoins répondent parfaitement à ce besoin. Ils circulent sur mobile, franchissent les frontières, contournent les banques locales. Cette dynamique crée un choc. Les devises nationales perdent du terrain. Les capitaux sortent plus vite. Les banques centrales perdent une partie de leur contrôle sur la liquidité et les taux d’intérêt.
Dans plusieurs régions, les stablecoins deviennent une alternative crédible à la monnaie locale. Le FMI parle d’un risque de substitution monétaire. Le terme paraît technique, mais la réalité est simple : les citoyens préfèrent un jeton numérique adossé au dollar plutôt que leur propre monnaie. Ce glissement fragilise les économies les plus vulnérables. Il réduit la marge de manœuvre des gouvernements. Il complique la gestion des crises.
Les cryptodollars dominent, l’Europe s’inquiète
Les cryptodollars, USDT, USDC et leurs dérivés, dominent largement le marché mondial. Ils représentent l’essentiel de la liquidité crypto. Ils servent de base aux échanges, aux paiements, aux transferts transfrontaliers. Cette domination crée un déséquilibre géopolitique. Le FMI souligne que les stablecoins adossés au dollar renforcent l’influence monétaire américaine, même dans des zones où le billet vert ne circulait pas autant auparavant.
L’Europe voit ce mouvement. Elle avance sur MiCA. Elle prépare l’euro numérique. Mais elle reste en retard. Pendant ce temps, les États-Unis accélèrent. Ils autorisent désormais le trading de produits crypto spot sur les marchés à terme, ce qui renforce encore l’écosystème des cryptodollars.
Le FMI appelle à une régulation plus ferme
Le FMI ne se contente pas d’observer. Il demande des mesures fortes. L’institution veut un cadre clair, cohérent, international. Elle insiste sur trois points :
1. Transparence totale des réserves
Les stablecoins doivent prouver la qualité de leurs actifs. Le FMI veut des réserves liquides, vérifiables, auditées. Les scandales passés ont montré les limites des déclarations non vérifiées.
2. Supervision renforcée
Les émetteurs doivent respecter les règles financières traditionnelles. Même activité, même risque, même régulation : le FMI répète ce principe dans ses rapports.
3. Coordination mondiale
Les stablecoins circulent partout. Les régulateurs doivent coopérer. Sans coordination, les acteurs contournent les règles. Ils exploitent les zones grises. Ils profitent des juridictions les plus souples.
L’Europe avance, mais les failles persistent
MiCA représente une avancée majeure. Le texte impose des réserves liquides, un droit au rachat, des audits réguliers. Il crée un statut pour les jetons “significatifs”. Sur le papier, l’Europe se protège. Dans la pratique, plusieurs failles subsistent.
Les stablecoins hors UE restent accessibles
Un utilisateur européen peut acheter un stablecoin émis depuis l’étranger en quelques clics. Le FMI souligne ce problème. Les règles européennes ne s’appliquent pas à ces jetons, même s’ils circulent massivement dans l’Union.
La DeFi échappe encore au cadre
MiCA régule les émetteurs. La DeFi, elle, fonctionne sans entité centrale. Le FMI voit un risque. Les protocoles décentralisés utilisent des stablecoins, mais personne ne répond réellement devant les autorités.
Les réserves ne suivent pas toujours les standards des fonds monétaires
Le FMI note un écart entre les exigences imposées aux stablecoins et celles imposées aux fonds monétaires traditionnels. Cet écart crée un risque structurel.
Le risque systémique se rapproche
Le FMI ne dramatise pas. Il constate. Les stablecoins deviennent un pilier de la finance numérique. Leur croissance dépasse celle des crypto-actifs classiques. Leur usage explose dans les transferts internationaux. Cette montée en puissance crée un risque systémique. Un dépeg majeur pourrait déclencher une panique. Un gel d’adresses pourrait bloquer des paiements essentiels. Une mauvaise gestion des réserves pourrait provoquer une crise de confiance.
Les banques centrales voient ce risque. Elles réagissent. Mais elles avancent lentement. Le FMI veut accélérer le tempo.
L’Europe doit choisir : subir ou encadrer
L’Europe se trouve à une intersection. Elle peut laisser les cryptodollars dominer son marché. Ou elle peut construire un cadre robuste, cohérent, ambitieux.
Le FMI veut agir rapidement. Les stablecoins ne disparaîtront pas. Ils s’installent, se diffusent et redessinent la finance mondiale. L’Europe doit décider si elle veut rester spectatrice ou devenir actrice.