Une stratégie pour l’indépendance.
En devenant une banque, PayPal cherche à maîtriser toute sa chaîne de valeur. L’objectif : gérer directement les dépôts et les prêts, sans plus dépendre d’intermédiaires pour ses activités de crédit. Le pilier mondial du paiement a déjà une solide expérience, avec 30 milliards de dollars prêtés à 420 000 entreprises dans le monde depuis 2013. Obtenir sa propre licence permettrait à PayPal de réduire ses coûts et d’accélérer les décisions d’octroi de crédit. Une nécessité, comme l’a confirmé le PDG Alex Chriss, qui rappelle les difficultés que rencontrent les PME pour accéder au capital.
Les services de la future banque.
PayPal Bank ne se positionnera pas comme une banque universelle et n’aura aucune agence physique. Elle opérera sous le statut d’une « industrial loan company » (ILC). Spécifique à l’Utah, ce statut est une porte d’entrée qui permet à des entreprises non financières de proposer des services bancaires. PayPal Bank se concentrera donc sur une offre de produits ciblés.
- Prêts directs aux petites et moyennes entreprises.
- Comptes d’épargne rémunérés pour les clients.
- Dépôts garantis par la FDIC jusqu’à 250 000 dollars.
Pour diriger cette nouvelle entité, PayPal a choisi une experte : Mara McNeill prendra la tête de PayPal Bank. Son expérience, notamment à la tête de la Toyota Financial Savings Bank, constitue un atout majeur. Sa fine connaissance du crédit commercial est un signal fort envoyé aux régulateurs.
Un impact sur le marché européen ?
Naturellement, cette offensive américaine soulève des questions pour l’Europe, où PayPal compte des millions de clients. Une expansion de ses services bancaires sur le Vieux Continent semble une suite logique. Toutefois, la réglementation y est bien différente : le statut d’ILC n’existe pas. Pour devenir une banque, PayPal devrait obtenir une licence bancaire complète auprès de la Banque Centrale Européenne, un processus notoirement complexe. C’est le chemin qu’ont suivi des acteurs comme Revolut, en passant d’abord par la Lituanie. Cependant, PayPal dispose déjà d’un atout de taille : une licence bancaire au Luxembourg, qui pourrait servir de tremplin à ses ambitions européennes.
Paypal et l’intégration des cryptomonnaies.
Ce projet de banque s’inscrit aussi parfaitement dans la stratégie crypto de PayPal, qui a lancé son propre stablecoin, le PYUSD, en août 2023. Disposer d’une structure bancaire maison simplifierait l’intégration de cet actif numérique, tout en assurant une meilleure gestion des flux de paiement. PayPal renforcerait par la même occasion son contrôle sur les aspects réglementaires. Le message est clair : le géant américain veut s’imposer comme un leader des paiements numériques, sous toutes leurs formes. La concurrence avec les banques traditionnelles s’intensifie et les force à réagir vite. Le monde de la finance observe attentivement, car la décision des régulateurs américains pourrait bien redéfinir les frontières entre la tech et la banque.
La fin d’un modèle ?
Fort de son écosystème puissant qui combine technologie et un vaste réseau d’utilisateurs, PayPal franchit une nouvelle étape. En devenant une banque, l’entreprise abandonne son statut de simple intermédiaire pour se muer en concurrente directe des acteurs établis. Cette transformation va forcer les banques à innover plus vite, tout en accentuant la pression sur leurs marges. Plus que jamais, l’expérience client devient le principal champ de bataille. Les PME américaines devraient être les premières à en bénéficier, avec un accès simplifié et plus rapide au crédit. Reste une question : le succès de PayPal Bank aux États-Unis n’est-il que le prélude à une offensive mondiale ?