Günther Maihold, directeur adjoint de l’Institut allemand pour les affaires internationales et de sécurité (SWP), confirme que « le mythe des économies émergentes s’est dissipé » et que « les BRICS vivent leur moment géopolitique« . Ils cherchent à se positionner en tant que représentants du Sud global, offrant une alternative au G7.
Initialement, le terme BRIC a été inventé par Jim O’Neill en 2001 pour regrouper le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine. En 2010, l’Afrique du Sud a rejoint le groupe, devenant ainsi les BRICS. Ce qui était à l’origine une stratégie marketing pour attirer les investisseurs est devenu une plateforme de coopération intergouvernementale similaire au G7.
En 2014, les nations des BRICS ont lancé la Nouvelle banque de développement avec un capital initial de 50 milliards de dollars, offrant une alternative à la Banque mondiale et au FMI. De nombreux pays en développement ont exprimé leur intérêt à rejoindre le groupe des BRICS.
La banque des BRICS est ouverte à de nouveaux membres, et plusieurs pays ont déjà pris des parts. La ministre sud-africaine des affaires étrangères, Naledi Pandor, a déclaré que l’intérêt mondial pour les BRICS était « énorme » et qu’elle avait reçu 12 lettres de pays intéressés.
Les récents développements économiques des membres des BRICS sont loin des mythes initiaux. Seule la Chine a connu une croissance économique soutenue et importante depuis lors.
Depuis le début de la guerre en Ukraine, les pays des BRICS se sont éloignés de l’Occident. Aucun d’entre eux ne participe aux sanctions contre la Russie. Matthew Bishop, politologue de l’université de Sheffield, écrit que la guerre en Ukraine semble avoir créé une ligne de démarcation entre la Russie soutenue par l’Est et l’Occident.
Günther Maihold considère que l’alliance des BRICS n’est pas tant un contrepoids à l’Occident qu’un forum visant à renforcer la souveraineté et l’indépendance de pensée. Dans un monde bipolaire, l’Afrique du Sud, l’Inde et le Brésil cherchent à obtenir de meilleures conditions, tandis que la Chine utilise la plateforme pour ses ambitions politiques mondiales.
Selon Günther Maihold, l’Occident a pris conscience de ce changement de direction et cherche à le contrer. Il donne l’exemple du sommet du G7 en Allemagne en 2022, où l’Afrique du Sud et l’Inde ont été invitées pour éviter l’impression d’une opposition entre le G7 et les BRICS.