Les taux d’intérêt continueront à augmenter alors que la zone euro entre en récession, a indiqué un haut responsable de la Banque centrale européenne (BCE). Ses déclarations font suite à la dernière augmentation des taux annoncée par l’autorité monétaire la semaine dernière et aux projections révisées montrant une inflation plus élevée que prévu en Europe.
Luis de Guindos admet que « nous n’avons pas d’autre choix que de relever les taux d’intérêt«
Reconnaissant que la zone euro entre en récession, le vice-président de la BCE, Luis de Guindos, a néanmoins insisté sur le fait que le régulateur devrait continuer à relever les taux d’intérêt afin de maintenir l’inflation sous contrôle. L’indicateur étant susceptible de rester bien au-dessus de l’objectif de stabilité des prix, une inflation de 2 % à moyen terme, le haut responsable a déclaré au Monde : « Nous n’avons pas d’autre choix que d’agir. »
Le jeudi 15 décembre, la BCE a relevé le taux de la facilité de dépôt de 50 points de base pour le porter à 2 %. Dans le interview réalisée le même jour mais publiée par Le Monde, Luis de Guindos a reconnu que l’économie européenne est « peut-être en territoire négatif » au cours du quatrième trimestre de 2022. Le PIB devrait se contracter de 0,2 %, a-t-il précisé :
Les indicateurs avancés dont nous disposons ne sont pas bons. Nos projections prévoient donc que la zone euro tombera dans une légère récession au dernier trimestre de cette année et au premier trimestre de 2023, lorsque le PIB devrait se contracter de 0,1 %.
Si les projections de croissance publiées en décembre sont similaires aux estimations de septembre, celles concernant l’inflation ont sensiblement changé, a souligné l’ancien ministre de l’économie espagnol. Les prévisions d’inflation ont été révisées à la hausse de manière significative, passant de 5,5 % à 6,3 % pour 2023 et de 2,3 % à 3,4 % pour 2024, a détaillé Luis de Guindos.
Lors d’une conférence de presse après la hausse des taux de la semaine dernière, la présidente de la BCE, Christine Lagarde, a annoncé qu’il y aurait plusieurs autres hausses l’année prochaine. A la question de savoir si cela rendrait certains gouvernements mécontents, elle a souligné que l’inflation est actuellement le principal problème des pays européens.
Tout en admettant que la hausse des taux d’intérêt augmentera les coûts de financement pour les gouvernements européens, Luis de Guindos a insisté sur le fait que la BCE doit s’en tenir à son mandat. Avec une inflation qui atteint actuellement 10%, le banquier est convaincu que « Nous n’avons pas le choix… Parce que si nous ne contrôlons pas l’inflation, si nous ne mettons pas l’inflation sur une trajectoire de convergence vers 2%, il sera impossible pour l’économie de rebondir. »
Ses commentaires interviennent après que la Réserve fédérale américaine a relevé le taux des fonds fédéraux de 50 points de base à la mi-décembre. Cette augmentation de 0,5 point de pourcentage fait suite à quatre hausses consécutives de 75 points de base.