Lundi 9 janvier, la banque centrale suisse a annoncé des pertes de 143 milliards de dollars pour l’exercice 2022. Il s’agit de la plus grosse perte déclarée par la banque centrale en 116 ans d’histoire.
Pertes de la banque centrale suisse
Cette perte totale de 132 milliards de francs suisses équivaut également à 18 % du PIB prévu de la Suisse, soit 744,5 milliards de francs suisses. La deuxième perte la plus importante enregistrée par la banque centrale suisse est de 23 milliards de francs suisses en 2015. L’écart montre que la perte récente est assez alarmante pour la banque centrale suisse.
Compte tenu de la situation actuelle et des pertes énormes, la banque centrale suisse a déclaré qu’elle ne verserait pas les sommes habituelles aux gouvernements et aux États membres. Sur le total des pertes, un montant stupéfiant de 131 milliards de francs suisses provient uniquement des positions en devises étrangères. Un autre milliard provenait de positions en francs suisses. La monnaie locale a permis d’atténuer les pertes dans un contexte de forte progression du franc, les investisseurs ayant afflué vers cette valeur refuge dans un contexte de volatilité en Europe.
Au cours des six derniers mois, depuis juin 2022, le cours du franc suisse s’est négocié au-dessus d’un euro. Auparavant, la monnaie indigène suisse n’avait réussi à réaliser cet exploit que pendant une très brève période en 2015. En raison de son économie fortement axée sur les exportations, la Suisse a largement tiré parti de la force du franc. En outre, les analystes ont fait valoir que les entreprises suisses ont réussi à rester compétitives malgré la hausse du franc en raison de l’inflation dans la zone euro.
Économie suisse et zone euro
L’économie suisse s’est relativement bien comportée en matière de gestion de l’inflation par rapport à l’ensemble de la zone euro. L’année dernière, en 2022, l’inflation en Suisse a atteint 3 %, contre 10 % pour la zone euro. En décembre 2022, la Banque nationale suisse a également augmenté les taux d’intérêt pour la troisième fois en 2022 à 1%.
Dans le contexte de la correction générale du marché, la Banque nationale suisse a également dû faire face à des pertes dans son portefeuille d’actions et d’obligations. Mais grâce à ses avoirs en or, la banque a réussi à gagner 400 millions de francs.
S’adressant à CNBC, Karsten Junius, économiste en chef de la banque suisse J.Safra Sarasin, a déclaré que les pertes actuelles de la banque centrale ne modifieraient pas sa politique monétaire. La banque est prête pour une autre augmentation de 100 points de base à 2% cette année. Notant que l’inflation en Suisse est plus proche de son objectif de 2%, Sarasin a ajouté :
« Si la BNS aura également besoin d’un certain temps pour reconstituer ses réserves de valeur, il lui faudra moins de temps pour afficher des bénéfices que dans le cas de la Banque centrale européenne. Alors que les deux banques centrales sont structurellement rentables car elles peuvent renumer leur passif à un taux inférieur à celui du marché, la BNS gagnera des intérêts de marché plus élevés cette année déjà alors que la BCE est coincée avec ses obligations à faible rendement dans son portefeuille et ne sera pas rentable pendant de nombreuses années. »