Le président Donald Trump agite la promesse d’un « dividende tarifaire ». Il envisage de verser entre 1 000 et 2 000 dollars à la plupart des Américains, grâce aux recettes générées par les droits de douane. Il qualifie cette mesure de « dividende pour le peuple américain ». L’idée ressemble à un chèque de relance. L’administration exclurait toutefois les personnes à hauts revenus. Donald Trump affirme que les recettes douanières pourraient atteindre « plus d’un trillion de dollars par an ». Il a précisé que la réduction de la dette nationale restait sa priorité. Mais il considère cette redistribution comme une mesure bénéfique. Cette proposition, annoncée en novembre 2025, doit cependant faire face à son plus grand obstacle : le Congrès américain.
Le « dividende du peuple » : un chèque de 2 000 $
La proposition s’inscrit dans la politique commerciale du président. Depuis avril 2025, l’administration a lancé une politique tarifaire agressive. Elle vise à rééquilibrer le commerce extérieur. Elle taxe lourdement certains produits importés. Le président affirme que ce système permet à l’Amérique de générer d’importants revenus. C’est cet argent qu’il souhaite désormais redistribuer.
L’idée centrale est de reverser une partie de ces recettes. Le montant évoqué va de 1 000 à 2 000 dollars par citoyen. Ce « dividende » ne serait pas universel. L’administration exclurait les « plus aisés ». Donald Trump met en avant que les bénéficiaires seraient principalement les ménages à revenus faibles ou moyens.
L’annonce soulève immédiatement des questions économiques. La plupart des économistes s’accordent à dire que les entreprises importatrices paient les droits de douane. Ces entreprises répercutent ensuite ce coût sur les consommateurs. Le « dividende tarifaire » pourrait donc s’analyser comme une redistribution. Le gouvernement prélèverait une taxe sur les biens de consommation. Il la reverserait ensuite aux ménages. L’impact net sur le pouvoir d’achat dépendra de la structure de consommation de chaque foyer.
Dette nationale ou dividende ? Le dilemme à 37 000 milliards
Le président a lui-même introduit une ambiguïté dans son annonce. Il affirme que les recettes tarifaires « pourraient atteindre plus d’un trillion de dollars par an ». Mais, il a aussi défini deux objectifs pour cette manne financière.
L’objectif premier, a-t-il insisté, est de réduire la dette nationale américaine. Celle-ci s’élève à environ 37 000 milliards de dollars. Utiliser les recettes douanières pour s’attaquer à ce déficit colossal est une priorité affichée.
Toutefois, il considère aussi la redistribution directe aux citoyens. Il la voit comme une mesure « possible et bénéfique ». Les deux objectifs semblent contradictoires. L’un vise la rigueur budgétaire à long terme. L’autre vise un soutien direct au pouvoir d’achat. Le président n’a pas arbitré. Il n’a pas précisé quelle part de ce « trillion » irait à la dette et quelle part irait au dividende. Cette clarification sera au cœur des futures négociations politiques.
Qui serait éligible ? Les « hauts revenus » exclus
Sur le papier, le critère d’éligibilité semble simple. Le dividende irait à chaque citoyen américain. Mais le président a immédiatement ajouté une exclusion majeure. Les personnes à « hauts revenus » seraient exclues du dispositif.
Cette exclusion soulève plus de questions qu’elle n’apporte de réponses. Le président n’a pas défini ce seuil. Qu’est-ce qu’un « haut revenu » ? S’agit-il d’un revenu individuel ou d’un revenu par foyer ? Le seuil sera-t-il fixé à 100 000, 200 000 ou 500 000 dollars par an ?
Cette ambiguïté est stratégique. Elle permet au président de lancer l’idée. Elle laisse au Congrès le soin de définir les détails techniques. L’objectif politique est clair. Il s’agit d’alléger la pression financière sur les ménages moyens et modestes. C’est un positionnement qui tranche avec les baisses d’impôts plus traditionnelles.
Le mur du Congrès : l’obstacle constitutionnel
L’annonce présidentielle n’est qu’une proposition. Sa mise en œuvre effective dépend entièrement du vote du Congrès. C’est l’obstacle législatif indispensable en démocratie américaine. Le Congrès américain contrôle le « pouvoir de la bourse » (power of the purse).
Le rôle du Congrès dans ce dossier est crucial. L’administration Trump doit d’abord soumettre une proposition de loi formelle. Cette proposition doit instituer ce dividende.
Ensuite, le Congrès, composé de la Chambre des représentants et du Sénat, doit examiner le texte. Il va le débattre. Il va l’amender. C’est à ce moment que les seuils de revenus seront fixés. C’est aussi là que le montant exact (1 000 ou 2 000 dollars) sera décidé.
Pour que la mesure passe, les deux chambres doivent voter le texte. Elles doivent l’adopter dans les mêmes termes. Si la Chambre et le Sénat votent des versions différentes, une commission mixte doit se réunir. Elle tente de concilier les différences. Le texte de compromis retourne alors aux deux chambres pour un vote final.
Une fois que le Congrès accepte la proposition, il l’envoie au président. Donald Trump peut alors la signer pour qu’elle devienne loi. Il pourrait aussi, ironiquement, y opposer son veto si le Congrès a trop modifié son projet initial. En résumé, sans l’approbation du Congrès à la majorité requise, l’administration ne peut pas distribuer le dividende.
Conclusion
En définitive, le « dividende tarifaire » de Donald Trump est une proposition politique majeure. Elle combine une politique commerciale protectionniste (les tarifs) avec une mesure de redistribution populiste (le chèque). L’idée séduit une partie de l’électorat. Mais elle se heurte à une réalité économique. Elle fait face, surtout, à un mur politique et constitutionnel. Le Congrès doit donner son accord. Les débats s’annoncent intenses. Ils porteront sur la définition des « hauts revenus ». Ils questionneront aussi la priorité à donner entre le remboursement de la dette et l’envoi de chèques.