Base, la blockchain incubée par le géant américain Coinbase, prend officiellement le leadership. Avec 5 millions de transactions quotidiennes, elle surpasse l’ancien champion incontesté, Arbitrum. Ce basculement n’est pas un hasard. Il consacre la victoire de l’expérience utilisateur sur la spéculation pure.
L’Effet « Smart Wallet » : quand la crypto devient invisible
Le secret de cette croissance exponentielle est avant tout technologique. Coinbase a déployé son arme fatale cet automne : le « Smart Wallet ». Cette innovation de portefeuille crypto change radicalement les règles du jeu pour l’adoption de masse.
La fin de la tyrannie des 12 mots
Pendant une décennie, l’expérience utilisateur (UX) en crypto était un cauchemar. L’utilisateur devait noter une phrase de récupération de 12 à 24 mots sur un papier. La peur de perdre cette clé privée paralysait les nouveaux entrants. Le « Smart Wallet » élimine totalement cette friction.
Il s’appuie sur la technologie « Account Abstraction » (ERC-4337). Désormais, l’utilisateur crée un portefeuille en quelques secondes. Il utilise simplement son FaceID ou son empreinte digitale via les « Passkeys » de Google et Apple. La sécurité repose sur le matériel (enclave sécurisée du smartphone) et non plus sur la mémoire de l’utilisateur. C’est le même niveau de fluidité qu’une application bancaire moderne comme Revolut.
Les frais de transaction subventionnés (Paymasters)
L’autre barrière majeure était le paiement des frais de réseau (gas). Un nouvel utilisateur devait d’abord acheter de l’ETH pour payer la moindre action. C’était un obstacle bloquant.
Sur Base, cette contrainte disparaît grâce aux « Paymasters ». Les applications peuvent choisir de subventionner les frais de leurs utilisateurs. Un joueur achète une épée numérique sans se soucier du coût de la blockchain. Un créateur de contenu reçoit un don sans payer de taxe visible. Cette friction éliminée permet d’embarquer (« onboarder ») les 100 millions de clients vérifiés de Coinbase vers la chaîne Base. Le flux est continu, immédiat et sans obstacle technique.
DeFi : Le règne de la « SocialFi » et de la culture

Arbitrum reste le roi incontesté de la Finance Décentralisée (DeFi) avec ses milliards de dollars de valeur bloquée (TVL). Mais Base a choisi un autre champ de bataille : celui de l’attention et de la culture internet.
Farcaster et la propriété des données
L’application Farcaster est le fer de lance de cette dynamique. Ce protocole de réseau social décentralisé ressemble à Twitter (X) en apparence. La différence fondamentale réside dans la propriété. Ici, les utilisateurs possèdent leurs données et leur graphe social.
Les interactions se font sur la blockchain Base. Chaque « J’aime », chaque repost ou chaque commentaire peut être une micro-transaction. L’activité sur Farcaster génère des centaines de milliers de transactions quotidiennes organiques. Les utilisateurs s’envoient des pourboires, collectionnent des NFT gratuits et interagissent avec des mini-applications (« Frames ») directement dans le fil d’actualité.
Le Gaming et les grandes marques
Le secteur du jeu vidéo (« Gaming ») migre également massivement vers Base. Les développeurs apprécient la stabilité du réseau (basé sur l’OP Stack) et les frais minimes (moins de un centime). Des jeux à forte fréquence de transactions peuvent enfin exister sans ruiner les joueurs.
Base est devenue la chaîne de la « culture on-chain ». Les artistes numériques lancent leurs collections ici pour toucher un public large. Les marques grand public, comme Coca-Cola ou Sephora, y font leurs expérimentations Web3. C’est une stratégie radicalement différente de celle d’Optimism ou d’Arbitrum. Base vise le consommateur lambda, pas le trader professionnel à effet de levier. Et en nombre d’utilisateurs actifs, le consommateur lambda gagne toujours à la fin.
Une intégration verticale bénéfique pour Ethereum
Certains puristes craignaient initialement que les Layer 2 (L2Beat) ne vampirisent la chaîne mère. Ils avaient peur que la liquidité quitte Ethereum pour ne jamais revenir. C’est l’inverse exact qui se produit en cette fin 2025.
La symbiose économique
Base ne concurrence pas Ethereum, elle le nourrit. Elle fonctionne comme une autoroute rapide construite au-dessus de la nationale. Mais pour valider ses blocs, Base doit payer un péage pour utiliser la sécurité d’Ethereum.
Base paie un « loyer » régulier en Ether pour inscrire ses données de transaction (via les Blobs du EIP-4844). Plus Base est utilisé, plus ce loyer est élevé. Cela contribue à brûler (détruire) de l’Ether via le mécanisme EIP-1559. L’activité intense de Base rend donc l’ETH plus rare globalement. C’est un cercle vertueux économique parfait pour l’écosystème.
La puissance du monopole Coinbase
Cependant, la domination de Base soulève des questions sur la centralisation. Coinbase dispose d’un avantage concurrentiel déloyal : l’intégration verticale. Ils contrôlent l’échange (la porte d’entrée), le portefeuille (le Smart Wallet) et maintenant le réseau (Base).
Cette maîtrise totale de la chaîne de valeur leur permet d’offrir une expérience utilisateur que personne ne peut égaler. Arbitrum et Optimism n’ont pas dit leur dernier mot et préparent des mises à jour techniques majeures pour 2026. Mais pour l’instant, la « Coinbase Economy » semble imbattable. Ils ont réussi à appliquer la puissance d’un écosystème fermé à une blockchain publique ouverte.
Avis de non-responsabilité : Cet article analyse les tendances technologiques et l’adoption des blockchains. Il ne constitue pas un conseil en investissement. Les cryptomonnaies sont des actifs volatils.