Un décret en préparation vient préciser les dispositions de la loi sur les retraites concernant les carrières longues, assouplissant ainsi la réforme pour certains assurés proches de la retraite. Entre les différents dispositifs, les changements à l’étude et les questions sur les pensions, découvrez ce qui se cache derrière ce projet de décret et comment il pourrait impacter votre retraite.
Les dispositifs carrières longues : ce qu’il faut savoir
Il existe actuellement deux dispositifs carrières longues, qui passeront à quatre à l’issue de la réforme. Elle prévoit quatre seuils, pour les personnes ayant cinq trimestres l’année de leurs 16, 18, 20 ou 21 ans (et une carrière complète cotisée). Elles pourraient ainsi partir respectivement à 58, 60, 62 ou 63 ans.
Nous nous intéresserons ici au dispositif concernant la majorité des 125 000 départs en carrière longue du secteur privé chaque année. Il permet aux personnes ayant cinq trimestres l’année de leurs 20 ans (et une carrière complète cotisée) de partir à 60 ans (soit deux ans avant l’âge légal). Ce dispositif est modifié par la loi du 14 avril, qui décale progressivement l’âge légal à 64 ans. Un décret viendra préciser ce texte, dont nous avons obtenu une version provisoire.
Les changements à l’étude : qui est concerné ?
Pour comprendre les changements à l’étude, il est important de savoir que la réforme s’applique aux pensions prenant effet à compter du 1er septembre 2023. Ainsi, les personnes prenant leur retraite avant cette date ne sont pas concernées. Elles partent à 60 ans en carrière longue, à condition d’avoir une carrière complète, soit 168 trimestres cotisés (42 ans). Ce sont les personnes nées jusqu’au 31 août 1963, qui atteignent 60 ans avant le 31 août 2023 (inclus).
Cependant, certaines de ces personnes peuvent être amenées à partir après le 31 août prochain, comme les assurés nés en août 1963 et réunissant les conditions de départ requises en août 2023. Ces personnes sont contraintes par la réglementation d’attendre le 1er jour du mois suivant (1er septembre 2023) pour partir. Il peut aussi s’agir de salariés en compte épargne-temps, par exemple, qui avaient prévu de partir après le 1er septembre. 8 000 personnes seraient dans ce cas, selon l’Assurance retraite.
Que prévoit le projet de décret pour ces situations ?
Le projet de décret permettrait aux personnes nées jusqu’au 31 août 1963 (et ayant, avant cette date, les conditions requises pour partir en carrière longue) d’échapper à la réforme. Autrement dit, elles pourraient toujours partir à 60 ans, avec 168 trimestres, même si elles prennent leur retraite après le 1er septembre. Toutefois, des points restent à éclaircir. Cette mesure sera-t-elle automatique ou faudra-t-il la demander, comme semble le stipuler le décret ? Le ministère du Travail ne le précise pas. Mais il confirme que le projet de décret permet de maintenir la possibilité de partir à la retraite (à taux plein) pour ceux qui sont éligibles à un départ en carrière longue avant le 1er septembre 2023, et qui pourraient ne plus l’être, sans cette clause, après le 1er septembre.
Combien gagnerez-vous à 64 ans ? Les enjeux de la pension de retraite
La différence entre la retraite complémentaire et la retraite de base réside principalement dans le fait que la première dépend surtout de l’âge de départ à la retraite, tandis que la seconde est basée sur un système de points accumulés selon les cotisations. Plus on cotise, plus on a de points, permettant de toucher une pension plus élevée.
La première ministre, Elisabeth Borne, a abordé la question de la pension de retraite minimum. Le montant minimum de la pension retraite va augmenter à partir de septembre 2023, atteignant 85% du Smic net, soit 1200 euros par mois. Cependant, de nombreuses interrogations subsistent et les mesures annoncées n’ont pas satisfait les retraités.
Inégalités et incertitudes : les points de tension autour de la réforme
Malgré les débats et les annonces du gouvernement, il reste impossible de connaître avec exactitude le montant net de sa pension retraite. Les points majeurs de la réforme sont désormais connus, mais de nombreuses zones d’ombre demeurent.
La question de l’inégalité des sexes dans la répartition des pensions n’a toujours pas été résolue de manière satisfaisante. Pour les retraités, certains points restent flous, provoquant leur colère. Après de longues semaines de débats, le Président Emmanuel Macron a fait passer la réforme des retraites de force, suscitant la colère des manifestants qui ont envahi les rues des grandes villes françaises. Suite au succès des manifestations du 1er mai, les syndicats ont annoncé une 14ᵉ journée de mobilisation le 6 juin prochain. Affaire à suivre.